Marche droit, pour voir ce que ça fait
Peut-on arrêter de marmonner, de se plaindre un instant, de poser de question ? Considérons donc ce point d’interrogation comme barré.

Walk The Line - James Mangold
D’abord : ce n’est pas du cinéma [cinéma, du mot cinématographique, par dérivé langage cinématographique, cf le site de Daniel Weyl dans mes liens pour une explication de ce concept plus que primordial). Nous sommes au niveau 0 du cinéma. Plus que 0 même. Toutefois à choisir, n’est-ce pas, il vaut mieux voir ça que Sheitan ou Munich dans nos complexes cinématographiques ou des films contemporains turcs ou allemands dans nos salles d’art et d’essai. Parce que, s’il a beau être le niveau 0 du cinéma comme les autres, Walk The Line à quelques qualités et autres avantages à mettre en avant. Déjà, la musique. Sans commentaire autre que ça, la musique, jouée, interprétée, sous-titrée pour ceux qui ont du mal avec l’anglais et les autres, et soulignée. Ça se suffirait à elle-même. Ensuite, Johnny Cash, sa vie, son personnage, son histoire, sa femme. Enfin, des acteurs tous impeccables, jusqu’au moindre petit second rôle, à commencer par Joaquim Phoenix et Reese Whiterspoon, jolie, simple en brune, presque aimable. Voilà, rien que pour ces trois choses, on est, avec un tout petit peu de sens, forcé de choisir ce film-là parmi tous les films à l’écran ces dernières et prochaines semaines. La plus forte approximation pour qualifier ce film serait peut-être le terme de pochette. C’est une pochette, énorme, animée, en couleur, avec des photos, des paroles, des voix, des discours, des dialogues, une histoire. Pour un tiers du prix d’un cd, on peut avoir cette pochette. C’est plutôt pas mal. Nous étions 16 dans la salle, un vendredi soir, pendant les vacances. Autant dire que la nullité, la débilité, l’ingratitude, et tout simplement, le vide, domine cette bonne vieille terre.
Alors évidemment, c’est un très mauvais film, malgré que ce soit le meilleur du mois. On croirait voir une photocopie couleur du biopic Ray de l’année dernière. Même photo, même façon d’articuler l’histoire, même pauvret fil conducteur du frère décédé et de la drogue comme s’ils étaient liés, mains dans mais, bras après bras. C’est téléphoné, mais on échappe à une morale dictée à haute voix, ou toute autre dictature de facilité de scénario. Pour le reste, c’est pas vraiment mieux, peu d’idée dans la réalisation, aucune dans le montage, pas vraiment d’image plus belle que d’autres, de cadres mieux composés. On reste dans une bête trame qui se déroule sous la conduite d’un guide d’écriture de scénario à 20 euros en commande à la FNAC. C’est dommage il y avait peut-être deux ou trois choses à en tirer quand même. Il y avait moyen de faire un très grand film, un film qui tiendrait les années, qui en montrerait aux petits jeunes. Eh bien non. Ce n’est pas un film qu’on acheterait en dvd. C’est un film qu’on se ferait offrir. C’est un film qu’on trouverait, dans un boitier de cd, par-dessus un Greatest Hits, contre la face avant, coincé sous ses drôles de petits rivets de plastiques, mais si, vous savez…

Allez, dans un post précédent, je parlais de liberté, bla bla, personne ne lisait de toute façon, bla bla bla. Un petit poème donc, composé à la sortie du film (dans ce même post, je parlais aussi d’art minable, hein, alors chut).
Ici gît Johnny,
Joueur de mots, joueur de balles,
Sous cette pierre
En rectangle de robe noire
d’où jamais on ne revient
C’est bien lui,
Le dresseur de cordes,
Etouffé au pied d’un arbre,
Depuis quand n’est-il plus que d’os,
Des années oh des années
Depuis quand voit-on sa chair tendre
Au clair de lune sur la pierre danser ,
Tant d’années oh tant d’années
Et ses cheveux au vent s’envoler,
Pour une simple chanson de voix perdue.
Par delà, les gimmicks, les siens et les miens, le film m’a donné un peu de ce vieux sentiment, la confiance, en toutes ces choses, l’avenir, le monde, les gens, et pour ça, seulement ça, il mérite les flammes.