Beg / Steal / Borrow
Monday, March 27, 2006
 

Poèmes pourris II 



Il avait coutume de
Dire,
Je veux
Mourir en montant, le vieil homme,
Quand il était
Encore jeune,
C’est ce qu’il disait,
Mourir à Montmartre,
Mourir en un acte
Tout oublier du passé,
Pas à pas crever,
C’est ce qu’il souhaitait,
Quand il avait 20 ans,
Tantôt livreur, serveur, tueur,
Trop tard amoureux, pianiste,
Libre,
Ce sacré vieillard, juste là
Sous mes yeux,
C’était milles vies qu’il vivait,
Autant de marches qu’il y avait,
Je vais où je vais,
Qu’il disait,
Tant qu’il y en aura j’irai,
Qu’il disait,
Qu’aurai-je bien pu faire,
C’était pathétique,
Quand ses pas s’arrêtèrent,
A la renverse, la tête à l’envers
Jusqu’à ce que le sang verse,
Qu’aurai-je pu faire d’autre,
Quand il redescendait,
Que de courir et dire,
Je veux mourir en montant,
Crever dans les escaliers,
Au moins essayer.




On m’a tué
Ce n’est pas ma faute
J’ai cédé devant la somme
De ses sons
Comme un assommoir,
Entêtante, en tête
De liste de
Mes bêtises,
Bête, lisse,
Elle m’a tué,
La faute à personne,
Mis mon cœur en hélice,
Ma gorge en cendrier,
Avec bonheur,
C’était mon heure,
La faute de personne,
Pauvre petite joueuse de
Guitare, je lui disais combien
j’aimais ses doigts, il était si tard,
trop tard, assez tôt pourtant
pour encore pouvoir les sentir,
là autour de mon cou,
comme un cadeau, un au revoir,
je les aimais tant et elle répondait,
en citant faux comme avant,
on aime ce que l’on détruit,
ô combien je souhaite son erreur vraie,
ô combien elle m’aimerait,
la belle est cruelle,
belle et cruelle.
 
Saturday, March 25, 2006
 

TheHorrorTheHorror 



Pourrons-nous un jour retrouver ce qui a été perdu ? D’abord décontenancé à tendance déçu par le happy end, je commence à peine à esquisser un doute, me demander si finalement ce n’est pas possible, rien que dans l’esprit, après plein de péripéties. Mais je n’en sais rien, c’est bien sûr pour ça que nous allons chercher ensemble.



Au fur et à mesure, je me suis posé cette question : est-ce possible pour une fille (je suppose que ça vaut aussi pour un homme mais, ce n’est pas ça que je regarde), d’être très laide au naturel et splendide en souriant ? De la réponse positive à cette question est née une faille qui grandira jusqu’à ébranler l’édifice de mes croyances morbides.



Donc, nous pouvons être deux choses alternativement. Pourtant chacun de ces deux visages existent en même temps, partagent les mêmes muscles, la même peau, ils se préexistent l’un à l’autre. La beauté ne se perd pas, elle survit même aux pires années de malheur pour ressurgir fraîche, à partir de ce qu’avait construit le malheur. La beauté n’est pas perdue. Le malheur non plus. Si je me prends en exemple, je suis deux presque chaque jour. Il y a moi et il y a Paul Austère, celui qui signe ces posts. Je suis ces deux personnes de manière alternative, je suis moi quand je vis et parle, je suis Paul quand j’écris. Parfois même ils cohabitent, je vis et respire tandis que Paul écrit déjà dans mon cerveau, attendant le moment fatidique où je déciderai d’attraper un stylo et de lui laisser le contrôle. Il est assez fort pour que ça arrive assez souvent, sous peine d’explosion. Il n’est pas assez fort pour être tous le temps présent et en dehors de l’écriture et j’en suis vraiment désolé. Si vous me connaissiez, vous seriez tellement tristes. Déçus. Je ne suis pas Paul Austère, je ne suis pas ces mots et ces paragraphes, ces blogs et ces romans. Je ne peux l’être. Mais peut-être l’ai-je été et mon seul espoir est de croire que ce qui a été perdu peut être retrouvé.



Je suis pressé et Paul Austère ne l’est pas. Il est triste et je suis euphorique. Je suis perdu et il est ailleurs. Il est beau et je suis horrible. Je parle trop pour ne rien dire et il dit peu pour séduire. J’ai peu d’esprit et quelques connaissances et lui peut tout rien que par la réflexion. Il ne voudra jamais travailler et je travaille. Je suis stupide et il est malin. Je suis pratique et il est impossible. Il a peur et je suis stressé. Il est sentimental et je suis désabusé.



Pourtant, je crois vraiment qu’à un moment donné, j’ai été Paul Austère sans le savoir. Je ne pouvais le savoir parce que je ne le connaissais pas, je ne l’ai pas reconnu, mon corps, ma tête et mes jambes n’étaient pas assez forts pour le soutenir assez longtemps. Je ne l’ai été qu’un laps de temps très court. Peut-être quelques semaines, des mois au plus, entre le lycée et le début de l’université. Je n’en ai pas profité et ça a peu duré. Personne d’autre ne l’a vu sans doute. C’était une anomalie. Paul Austère n’existait pas avant : j’aimais le football, la télévision et les jeux vidéos. L’adolescence m’a transformé, quelque chose ou quelqu’un s’est retrouvé pris dans ce processus, coincé à ma place, en même temps que mon corps et mon esprit grandissaient et se transformaient. Depuis, lui ou une partie de lui n’ont jamais pu partir.

Pourtant, ce n’est pas lui qui vis ma vie aujourd’hui. Simplement parce qu’il serait mort. Le monde l’aurait tué ou il se serait sacrifié. Ce monde-là n’est pas fait pour ses envies, ses idéaux, ses rêves et sa façon de vivre. J’ai été forcé de prendre le contrôle. Je m’en excuse auprès de tout le monde. Lui me remercie parfois, me hait le reste du temps. Je ne lui demande pas de m’aimer. J’aimerai tant lui laisser ma place définitivement. Mais je sais que ça signifierait sa fin et je préfère l’entendre en moi, quitte à en crever, plutôt qu’il disparaisse. Il ne pourrait pas vivre dans un monde où il faut abandonner ses rêves et être réaliste, il ne pourrait communiquer avec sa bouche, ma bouche, et se faire comprendre des gens, même mal, il serait seul et triste avec le fardeau de supporter un corps, le faire vivre, se nourrir, se mouvoir et se maintenir.



Ma question est bien sûr de savoir si un jour je pourrai retrouver cet état de grâce où Paul Austère avait le contrôle sans que ni lui ni moi nous nous en rendions compte. Cette fois, tous les fruits de cette opération seraient récoltés parce que je me suis préparé à l’accueillir. De deux choses l’une : ou le monde change spécialement pour nous (la parution d’un roman qui marche un tant soit peu) ou bien nous arrivons à mettre en place un protocole de collaboration. Je prends le jour, il prend les nuits. Je prends les corvées, il prend la rêverie. Mais dans un tel cas, comment faire pour que nous ne contaminions pas l’un et l’autre et qu’au final nous nous retrouvions à échanger nos temps de présence sans le vouloir ?

Je repense à ces songes que je faisais en Première quand j’imaginais ce que pourrait être ma vie plus tard. Un boulot relativement régulier, un horaire fixe de sortie à partir duquel je pourrai écrire, créer, vivre. Est-ce possible ? Est-ce un bon compromis ? Tout ça n’est que dans ma tête, quand j’arriverai à fixer deux ou trois choses, faire un sorte que Paul Austère n’ai même plus conscience de la vie que je mène le jour, alors ce sera possible. Parce qu’actuellement, il regarde. Il regarde et ne peut rien faire pour m’aider parce que je l’ai caché dans mon esprit pour son propre bien. Il me regarde et prend pitié. Il me regarde et se bat pour sortir, ignorant qu’il y risquerait sa vie plus que la mienne.



Il me regarde comme nous regardons l’Homme au début de L’Aurore. Nous sommes sa propre conscience. Nous le voyons courbé, faible et cruel. Et puis il renaît. Qu’est-ce qui a bien pu changer ? Rien, absolument rien. Il a toujours ses dettes, sa maîtresse l’aime encore, la ville continue de le hanter. Rien n’a changé, sauf nous. Nous sommes là. C’est la magie du cinéma. Il ne faut pas plus de dix minutes, pas plus que le temps que nous nous plongions dans le film pour que en tant que conscience, nous le réveillons, le transformions, le ramenons dans le passé et lui rendions ce qu’il a perdu : son amour propre, son amour pour sa femme. Tout vient de lui. Elle l’aimait toujours même quand il était perdu. C’était simplement lui. Et nous l’avons aidé. Sur son épaule nous avons été bienveillant et tombant amoureux de sa femme, murmurant cet amour à son oreille, nous l’avons réveillé. Nous le faisons depuis plus d’un demi siècle et à chaque fois ça marche. Une fois associés à lui, nous sommes si fort que nous pouvons changer le cours du monde et toute notion de réel. Voilà la morale du film. Nous pouvons récupérer ce qui a été perdu. Reste à savoir si Paul Austère est aussi fort et puissant émotionnellement que l’ensemble des spectateurs qui tiennent dans la grande salle de La Filature.




Ou peut-être que vous pouvez oublier tout ce que je viens de dire. Peut-être que je suis simplement malade. Mentalement malade. J’ai trop d’imagination. Pas forcément pour inventer des choses inédites et époustouflantes mais au moins pour réinterpréter via l’écriture certains éléments existants. Et je me perds dans cette imagination. Je ne sais plus faire la différence entre ce qui s’est passé la vieille, ce qui se passera le lendemain et ce qui n’a jamais existé. Parfois je suis piégé en moi, je rencontre des fantômes de personnages, je crois imaginer des gens qui existent vraiment. Je me cogne contre les propres parois de mon cerveau. La maladie de l’imagination. La pire. Rien n’existe et pourtant tout existe. Une simple pensée peut tordre la réalité, la rendre monstrueuse ou splendide. Une simple pensée. Une simple pensée fait s’élever des châteaux et s’effondre des bâtisses. Il y a beaucoup de bons côtés, mais quand il y en a des mauvais, ils sont vraiment mauvais. De quoi souhaiter ne plus jamais être capable d’imaginer quoi que ce soit. De quoi modifier à jamais la réalité en pire. De quoi souhaiter mourir au plus vite. De souhaiter voir le noir, rien que le noir.



[La plupart du temps, j’apprécie les règles, mais il y a une chose que j’apprécie encore plus : les transgresser. Voilà pourquoi vous avez eu droit à un post qui porte sur ma personne. Je n’avais aucune autre idée. Et à partir du moment où c’est écrit, ça devient de la fiction.]

 
Monday, March 20, 2006
 

20 ans pour la dernière fois (heureusement) 

Je pourrais poster. Vraiment, m'appliquer, recopier des trucs de mon carnet d'albion.
Mais non. Pas possible. Trop de vide, presqu'un trou noir au milieu de mon torse. Où il disparait ou je disparais.

The Kills - Superstition (live)


The Smiths - The Queen Is Dead (live)


Cat Power - Cross bone style
 
Friday, March 17, 2006
 

Tu parles de révolution … 

C’est partout, nulle part. Dans les journaux, les magazines (Inrocks de mardi), les bouches flétries par les regrets. Cet événement hypothétique qui en rappelle fortement un autre, imaginaire celui-là.


La Révolution.

Mai 68.

Mai 06.

Et si c’était vrai ? Et si ça revenait ?



Par quoi commencer dans ce nœud d’indulgence et de mensonge ?
Mettons les choses au point : j’ai beau ne pas y avoir été, je peux affirmer que Mai 68 n’a pas été une Révolution. Qu’est-ce que ça m’a apporté dans ma vie, à moi ? Parce que c’est ça qu’il faut regarder, les effets sur n’importe qui, sur une personne lambda, des années plus tard. La Révolution de 1884 nous a apporté la démocratie et des droits. Mai 68 ne nous a rien apporté. Du tout. La vie de la France entière au jour d’aujourd’hui ne dépend pas de cet événement. Alors bien sûr, il s’est passé quelque chose. Des manifestations. Des prises de conscience, je veux bien. L’aspect beau de Mai 68 c’est qu’il existe uniquement dans l’esprit de ceux qui y ont participé. C’est leur eldorado. Voir la vague des films, même récents, qui en traite, The Dreamers en premier. Mai 68 a bouleversé l’esprit de ceux qui y ont participé activement. C’est un souvenir, un univers, un lieu, sans doute exaltant, sans doute magnifique, je n’y étais pas, ça dépend des souvenirs des témoins. MAIS il est totalement erroné d’affirmer que Mai 68 a eu plus d’impact que les Eurockéennes 2003 [ C’est un exemple bien sûr]. Durant ces Eurockéennes, j’ai vu Radiohead jouer pendant presque 2 heures, sous une pluie fine, serré entre 30 000 personnes, et je les ai écouté jusqu’aux dernières notes de Karma Police. Ça m’a ouvert de nouveaux horizons, ça m’a décrassé les oreilles, ça m’a permis de respirer à nouveau, de trébucher encore. C’est un souvenir. Un souvenir bouleversant. Voilà ce qu’est Mai 68, rien de plus. Le souvenir d’un événement qui a pu bouleverser des âmes et, devenant une Histoire et des histoires, est rentré dans l’imaginaire collectif. Je peux dire de même de ce concert de Radiohead, de la vie des 30 000 personnes qui l’ont vu, de l’impact des multi-diffusions tv du concert sur les générations à venir. Voilà ce qu’est Mai 68. C’est déjà pas mal, ne râlez pas.



Et aujourd’hui on ressort les souvenirs du placard à coups de mécontentement, de blocus d’université, de tribunes, de manifestations. Les gens qui n’ont pas compris ce qu’était Mai 68 se demandent si cela ne se reproduirait pas encore, et les mêmes, qui n’ont pas non plus compris ce qu’est le mouvement actuel, se demandent si tous cela ne pourrait pas finir en révolution sous l’impulsion de l’autoproclamée « génération précaire ».




Je ris un peu, j’ai le droit.

Que veulent-ils ? Quel est leur idéal ? Le retrait du CPE, une évolution de la lutte contre les discriminations envers les jeunes.

C’est ça la révolution ? Je crois bien que la majorité de ceux qui défilent ne sont pas dupes envers ce qu’on leur met sur le dos.

Ils se battent, ils mettent en danger leurs études pour une seule raison très simple à comprendre : ils veulent pouvoir travailler à vie.


C’est ça la révolution ? Les jeunes aujourd’hui luttent, affrontent les dissidents, se battent contre les CRS pour une seule raison : rentrer dans les rangs. Voilà ce que nous avons. Voilà ce qui serait censé faire peur à tout un gouvernement. Est-ce que quelqu’un se rend compte, comme moi, qu’ils rient tous sous cape ? Tous, les politiciens, théoriciens, grands patrons, sont heureux et fêtent : non seulement on leur offre une rediffusion de leurs amusements de jeunesse (Mai 68) en couleur et en direct, mais en plus on est prêt à mourir pour eux. Mourir pour leur être fidèles.

La révolution de mes rêves, ce n’est pas ça. La révolution de mes rêves est individuelle ou n’est pas. Ce sera le moment où chacun reprendra sa propre liberté. Parce que 1784 a libéré les masses (masses des pauvres, des opprimés, des mals nés), le pouvoir a décidé d’investir l’individualité de chacun. Ça a pris du temps certes, mais ça s’est développé depuis le XIX° siècle : c’est la publicité, c’est l’opinion fabriqué par les médias, c’est le sentiment d’opulence, la volonté de monter les échelons, le mythe du self made man. Tout le monde peut devenir maître du monde, avec de la volonté.

Eh bien la révolution, celle que j’attends et appelle, c’est celle qui nous fera nous rendre compte que nous pouvons être maîtres de nous-même. Ce sera le moment où les gens ouvriront les yeux, commenceront à se cultiver eux-mêmes, dans tous les sens du terme, à vouloir être eux-mêmes, à voler des bouquins, à découper des magasines, à arrêter de regarder les autres, à apprécier les instants dérisoires, à détester les grands moments, à éteindre leur radio, à faire eux-mêmes leurs vies, choisir eux-mêmes leur musique, leurs vêtements, à installer des cinémas pirates chez eux, à s’écouter eux-mêmes, à dire non, à dire oui, à reconnaître le vrai du faux, à accepter les contraintes parce qu’ils seront libres, à accepter leur liberté parce qu’ils seront contraints.
Ce sera une révolution invisible. Pas de poseurs. Une révolution individuelle. Certaines industries se casseront sans doute la gueule (Hollywood, la musique) mais tant pis. Tant qu’il y aura de l’envie et moins il y aura d’industrie, plus il y aura de la liberté.



Mais je ne suis pas sectaire. Je pense très sincèrement que je me rangerai du côté de n’importe quelle révolution, à partir du moment où elle sera sincère avec elle-même. Par exemple, certains veulent mettre fin au nucléaire, à la pollution, aux mauvais traitements, à l’exploitation et même au travail tout court. Soit, OK. Je dis banco. Mais on ne peut pas réclamer QUE cela. Si c’est cela que nous voulons, alors nous devons TOUT transformer, détruire et recréer. Une nouvel économie, un nouveau monde, des nouvelles façons de vivre.
Ce que je veux dire c’est que dans les manifestations actuelles, on réclame le retrait du CPE, la démission de Villepin et Sarkozy. J’ai envie de crier, avec tous mes poumons : C’EST TOUT ? Après le CPE, il y aura d’autres réformes du même type, il ne faut pas se leurrer. Derrière chaque Villepin il y un autre Premier Ministre avec les mêmes buts (réélection, efficacité économique). Derrière chaque Sarkozy il y en a un autre, de quelque bord ou courant politique soit-il.

Ceux qui réclament le retrait du CPE ne peuvent s’arrêter là. C’est leur devoir de demander et d’obtenir, par tout moyen que ce soit, la fin du capitalisme, l’impossibilité des délocalisations, la mise en place de systèmes équitables, de travail pour tous, de salaires pour tous. C’est communiste ? Et alors, ce n’est pas mon opinion que je donne là mais simplement la véritable révolution que sous-tendent les idées de manifestations du moment. Je soutiens, ne serait-ce que dans l’esprit, tous ceux qui vont au bout de leurs idées.



Mais la situation actuelle ne correspond pas du tout à ça. Les jeunes aujourd’hui manifestent pour pouvoir rouler dans la dernière Golf. Ils manifestent pour avoir un CDI qui leur permettra de s’endetter et d’acheter voiture neuve, maison, vêtements à la mode, etc. Les jeunes aujourd’hui manifestent POUR la société de consommation et le capitalisme.

Mais comment ne pas leur en vouloir ? On est obligé de les comprendre un minimum. Toute révolution a besoin d’un fond commun. Aujourd’hui, si on ne se leurre pas, on ne peut pas affirmer que c’est la misère est l’oppression qui est le fond commun, le ciment, des manifestations des jeunes. Non, le truc qui fait tenir ces manifestations, c’est le plus petit dénominateur commun : la connerie. Nous en avons tous en nous. Prenons les armes, sortons dans la rue, manifestons pour ceux qui se disent attaqués par nous, pour ceux qui nous utilisent.


Ou bien on peut télécharger l’intégrale des Smiths et des Kinks, se saisir d’un stylo, d’une guitare et d’une caméra, je sais pas moi, si on s’ennuie de simplement traîner, créons nos mondes à nous, donnons les à partager et si on y croit assez fort, VRAIMENT FORT, un jour nous y vivrons.

 
Monday, March 13, 2006
 

Pourquoi les Libertines sont le plus grand groupe du monde 

Les Libertines sont le premier groupe à avoir tiré leur carte du jeu au 21° millénaire. Oubliez Strokes, Arcade Fire et le reste, bien au demeurant, mais sans identité.

Les Libertines sont un groupe qui n'a jamais existé. De cette existence fantomatique, ils tirent leur force.

En octobre 2002 sort leur premier album : Up The Bracket
On découvre leurs meilleures chansons, leur style, leur amitié.



A l'été 2003, tout semble brisé, le groupe n'existe pratiquement plus.

En Octobre 2003, c'est la réunion.




En aout 2004, un deuxième album sort alors que le groupe a définitivement splitté.



L'histoire semble chaotique, rapide, mais plus anecdotique que signifiante. C'est là que la plupart d'entre nous font une erreur.

En y regardant de plus près, les Libertines ont enregistré leurs meilleures chansons avant de faire leur première couverture du NME, ce sont les Legs XI.



Au moment de mettre un point final à Up The Bracket, Peter et Carl mettent un point final à leur amitié, comme si tous ce qu'ils avaient en eux et qu'ils partageaient à été mis dans cet album qui ne leur appartient plus.

Dès l'hiver 2002, Carlos se lie d'amitié avec Danny Goeffy de Supergrass et Peter traine avec Wolfman.





A l'automne 2003, alors que tout le monde pense que le groupe s'est retrouvé pour ne plus se quitter, Carlos s'encastre volontairement le crane dans un mirroir, résultat : longue opération et Peter enregistre avec d'autres les HQ Sessions.

Quand sort "The Libertines", le groupe est dissolu et on y retrouve un amas de vieilles chansons ou de nouvelles qui ne sont plus crédités doherty/Barat : Music When The Lights Go Out, Narcissist (nouvelle version de Hooray For The Twenty First Century), Ha Ha Wall vieux tube live, Can't Stand me now écrit avec quelqu'un d'autre (Mark Hammerton) , The Saga avec Paul Roundhill, etc.
Ce n'est plus qu'un album posthume, une sorte de compils de chansons retrouvées et de chansons solos.

Ce que j'essaie de dire, c'est qu'à une époque où l'on fouille caves, greniers et soulseek à la recherche d'albums du Velvet, des Kinks, de Joy Division, tous ces groupes qui n'existent plus, les Libertines sont le premier groupe moderne à ne pas exister. Ils n'ont jamais existé. Jamais quand nous les connaissions. Leur âge d'or, c'était le moment où ils étaient des inconnus. Ils ne sont pas nés en octobre 2002. Ils y sont morts. Désormais, il ne nous restait plus qu'à chercher dans les chansons inédites, les albums inconnus, les live acoustisques, les side projects, pour essayer de trouver l'énérgie et la valeur des Libertines.

C'est très enfantin : on nous a donné un jouet, et on nous la repris immédiatement.

Rien de très savant là-dedans. Et loin de moi l'idée de dénoncer une manipulation. Ca s'est trouvé comme ça, et c'est pour ça qu'il s'agit du plus grand groupe du monde : il reflète parfaitement l'air du temps sans que personne ne s'en doute.

Dans une époque dominée par le mercantilisme, la froideur des comportoments et l'instrumentalisation de la rebellion, les Libertines étaient des vagabonds, des hédonistes et des romantiques. Des valeurs inestimables mais que pour retrouver il faut chercher.
Donc non seulement les Libertines ont un sens rare et opprimé mais en plus pour y parvenir, vous devez vous battre et vous investir. La définition d'un trésor quoi.

Et ce trésor est énorme. Tout sauf décevant. En quelques années on compte dans le coffre à trésor : un album inédit (Legs XI), des enregistrements de chansons inédites par-ci par-là (You're my waterloo, Smashing), des sessions acoustiques à la pelle, un album side-project (Down In Albion), une vingtaine de carnets de poésie scannés, etc.

Et ça ne s'arrêtera pas.

Bien sûr il y a des aspects merdiques dont je ne parlerai même pas. Bien sûr ils ont sans doute vendus moins d'albums en 3 ans que les Arctics Monkeys en trois semaines. Mais c'est JUSTEMENT une autre raison pour laquelle ils sont le plus grand groupe du monde : eux, et leur qualité, sont méconnues. C'est assez excpetionnel, non ? Il n'y a que les Smiths qui font le même effet. Avec tous les autres groupes, Beatles, Kinks, Floyd, Radiohead, il y a ce risque incontournable : voir un imbécile dire "ah ouais j'adore trop, c'est mon groupe préféré ! -Ah ouais t'aimes quoi ? - Ben euh tu sais là, euh, mais si là, euh, mince, tu sais le single super connu !".

Les Libertines, et leurs vraies qualités, la poésie, les collages cheap, les sessions acoustiques et les vieilles chansons, ne feront JAMAIS cet effet-là.

Et pourtant leur influence sera si forte qu'elle ne pourra être mesurée.
En ce sens, les Libertines sont notre Velvet Underground à nous. Un groupe décrié à l'origine, qui a duré peu, vendu peu, et qui a changé la face du monde, incitant chaque auditeur à créer quelque chose à son tour. J'en fait partie et ce que vous lisez n'existerait pas sans eux.

Ils sont encore plus obscurs puisque dans un monde où les disques sont des produits, leurs meilleurs chansons ne se vendent pas mais s'échangent et se découvrent.


Le seul moyen de mettre fin à ce charme sera sans doute, tout comme le Velvet Underground ou les Pixies, une réunion tardive.

Petits morceaux de trésor :


"I knew she wasn't English

For she spoke it far too well

The grammar was goodly and the verbs where they should be

And the slang was bang on the bell

But as the language barrier banged and clanged

I could not hear, hear nor see

London, England and Bow

Crumble into the sea."



"are you still bowling around after dark?
blowing your hope and slope in the wind
I lit a little fire from your chimney spark
I knew I’d never see you naked again

and the whole world is our playground
the whole world is our playground

take diablo by the horns
and stamp on his fire again
I heard that song on the radio
I’m all for losing my mind
try not to think about you every minute or so
but eh - they play it, play it all the time

and the whole world is our playground
the whole world is our playground

take the night by the hand
set it on fire again "



Et si je me débrouille bien, une petite radioblog dans le coin droit d'ici ce soir pour mettre d'autre trésors.
 
Saturday, March 11, 2006
 

Poèmes pourris 





Impossible, rien
Les mots que l’on n’utilise
Pas pour la décrire,
A peine plus vivante
Que les traits enfumés
D’une cigarette,
L’ombre impassible, rit,
On ne peut l’atteindre,
L’ombre lit les esprits,
L’ombre vit les vies de
Milles et uns de ces modèles
Dont elle prend la place,
La nuit, le doux moment
Renversé où la lucidité
S’oublie, elle, l’ombre,
Monte sur scène,
Des vieux cartons, une
Table bancale ou le mur
D’une bâtisse abandonnée,
L’ombre les connaît, l’ombre
Est vue, il n’y a qu’elle, l’ombre
Est partout, nulle part,
Où va-t-elle, où est-elle,
Sous l’éclat d’un projecteur,
A la lumière pleine du jour,
Où va-t-elle, que fait-elle, quand
On ne la voit pas, visible,
Invisible, n’est-ce pas elle,
Qui vit nos vies, contrôle
Nos gestes, celle-là même qui
Nous suit, celle-là même dans
Laquelle nous vivons sans le voir.





Tous les crimes sont d’esprits
Et tandis qu’elle me regardait d’en bas,
Je pouvais concevoir ses extrêmes,
Sentir les minutes de ses morts
Qui la terrassèrent, la clouèrent
Au lit, la changèrent,
Elle était là, bien présente,
De sa chaîne elle brisait mes derniers
Espoirs de résignance.
L’ignorance est une perte,
L’innocence une vertu, et
Devant elle je ne pouvais
Que dresser une liste de péchés.





Je flotte, flotte transporté
Au lieu et à la place
Du vide, sa torpeur
Que les autres taisent,
Les regards d’assassins
Tournés vers moi,
Les flottes de déserteurs,
Femmes, enfants, famille,
Oubliés et honorés,
Quelque part présent quand
Millimètre après millimètre
Mon sang conquit le néant.








Sopranos 5.12 : Long Term Parking

Bien sûr, on se demandait où elle pourrait aller. On le savait bien qu’elle disparaîtrait, on avait toutes les bonnes raisons de penser que bientôt on ne la verrait plus qu’autre part. Absente des images promo de la saison 6. Présente depuis deux ans sur la série Joey. Adriana est partie. Elle n’a jamais été vraiment importante ou attachante. Jusqu’à cette saison dont elle aura sans doute été la révélation. Ça avait commencé dès la saison 4, quand elle a été forcée de collaborer avec le FBI. Ça continue de plus belle dans la saison 5, on en vient à s’attacher à elle, ses mauvaises manières et ses rêves idiots. Tony lui aussi s’attache à elle, un peu comme une fille de son autre Famille, un peu comme une femme aussi. Et comme Tony est le centre de la saison, il est normal que nous, spectateurs, ressentions cet attachement. Il n’y a pas si longtemps je parlais de ces moments, incroyable, qui justifient toute une saison. Il y en a un dans cet épisode. Evidemment qu’il y en a un. C’est presque la fin de la saison, c’est normal qu’il y en ai un. Lâchée par Christopher auquel elle a tout avoué, attendue par le FBI, Adriana décide de prendre la route et de s’enfuir dans une scène banale, avec ce qu’il faut de soft rock californien pour qu’elle soit émouvante et libératrice. Sauf que la musique, auparavant intégrée artificiellement au montage, perd en qualité et se met à baisser. En un instant, tout a basculé. La musique vient d’un auto radio. Adriana n’est plus seule. Elle n’est plus dans la voiture. Ce n’était qu’un rêve, à portée de main, si palpable que nous le voyons, et pourtant un rêve qui ne se réalise, qu’elle ne réalise pas, parce qu’elle ne peut échapper à ce qu’elle est et à où elle va. Désormais c’est Sylvio qui conduit. Seule la route n’a pas changé. Toujours et encore la même. Au bout, dans une forêt anonyme, elle se fera tuer. La route vers l’enfer, celle qu’ils empruntent tous. Pourquoi ? Christopher le dit lui-même en parlant de Tony et de son manque de gratitude : « Le voilà, c’est lui, l’homme pour lequel j’irai en Enfer ». Et en même temps, on ne peut pas tout à fait être d’accord. Bien sûr Tony montre le chemin, mais il n’y a qu’une seule route, alors que faire ? C’est cette prégnance du destin qui ressort avant tout, les personnages ne pouvant échapper à aucune once de leur destin : Christopher est un soldat, Adriana une sacrifiée, Tony B. un fuyard, Tony Soprano un nanti. Parce que c’est ce qu’il est, non ? Un privilégié. On hésite. On attend le dernier épisode. On a l’impression, pour la toute première fois peut-être, qu’aucune de ses plaintes n’a jamais été justifiée. Que tout du long, il n’a jamais vécu. Il est un boss, née dans une famille aisée à la vie facile, et si ses crises d’angoisse sont là pour le disculper, ça ne marche plus désormais. Dans la toute dernière scène, Tony et sa femme se promènent dans une forêt qui ressemble, coïncidence de fait, pas de réalisation, à celle où Adriana s’est faite tuer quelques minutes plus tôt. Sauf que pour eux, il n’est pas question de mort, mais d’investissement, ils vont acquérir la terre, la faire prospérer, en tirer quelque chose. Les personnages sont sur la même route. Nous le sommes tous, pas la peine de se le cacher. La route vers la mort, la route vers l’enfer. Certains sont pieds nus, d’autres ont des chauffeurs.
 
Saturday, March 04, 2006
 

Les Ombres parlent aux Ombres 


J’écoute Bob Dylan. Il n’y rien de mieux avec ce temps. Et il n’y a rien de plus cliché et il n’y a rien de plus vieux et il n’y a rien de plus tout simplement.

Que puis-je bien dire pour me justifier ? Je prendrai mon temps, promis.

Il y a cette chanson de Komakino, un groupe nommé d’après une chanson de Joy Division, qui dit « I lie and I cheat and I can’t keep a promess ». Moi je ne tiens que les mauvaises promesses. Les promesses d’abandon et de trahison.

Et je suis sûr, certain même, qu’il n’y aucun intérêt à dire tout cela. Témoignage ? Vous rigolez. Testament ? Pas encore, pas encore, mais ça viendra. Critique ? J’essaie d’éviter, je n’y arrive pas toujours, il faut bien remplir les lignes ma pauvre dame. Littérature ? C’est ça c’est ça, il y a de fortes chances pour que les aventures d’un gosse magicien aient plus de valeur que n’importe quoi ici. Aux yeux du monde en tout cas. Ces yeux-là, ces yeux noirs. Des yeux insolents, des yeux qui n’ont pas besoin de moi. Est-ce qu’un seul regard, simple et défiant toute pudeur, peut changer la vie d’un homme ? Est-ce qu’un seul regard peut donner du sens à tous ces mots qui défilent sur mon clavier, pour toujours ? Encore et encore, j’ose poser la question. Pas y croire, non. Pas connaître la réponse. Simplement, poser la question. Comme : y a t-il un Dieu ? Après tant de millénaires, il devrait bien y avoir une preuve, il n’y en a pas, donc il n’y a pas de Dieu. Et pourtant le simple fait de se poser la question contamine tous le reste. La question de Dieu, c’est la question du tout. Dieu n’est qu’un outil utilisé par les êtres humains encore ignorants, nos aînés, pour qualifier les manifestations qui échappaient à leur compréhension. Dieu, c’était les rêves et les hallucinations. L’amour et la haine. La vie et la mort. Le pouvoir et la pauvreté. Tous les thèmes que l’on retrouve dans la Bible. [Ne nous méprenons pas, je ne suis pas un bigot. Je ne parle pas de religion et si c’est votre impression, c’est ma faute ou la votre. Si j’ai la prétention d’écrire, je dois tout de même reconnaître que tous les écrivains sont les fils de la Bible Barrez et remplacez par Torah/Coran selon vos préférences.] La question de Dieu, c’est la question de l’être humain et rien que ça. Ce qui nous ramène à ses yeux noirs, à ceux qui donnent du sens à la vie. En écrivant un poème, une phrase m’est venue comme elle me serait venue en un rêve, « Les Ombres parlent aux Ombres ». J’étais seul au milieu de tout le monde et elle, elle était là pour moi. Une simple phrase qui résumaient tout et rien, une simple phrase qui venait de nulle part. Une simple phrase qui me permettait de continuer à poser des questions, malgré l’indifférence, malgré le froid, malgré la beauté, malgré le fait que quand on me coupait les cheveux, j’avais l’impression de voir un milliard de lignes quantiques m’échapper comme un milliard de vies, malgré le silence que Bob Dylan s’évertue à combler et ne fait que souligner.



Dehors, il neige comme jamais. J’essaie sans succès de trouver une chanson pour continuer mes écrits vains. Il n’y a plus d’électricité dans l’immeuble, du couloir à l’ascenseur en passant par le sous-sol, mis à part dans les appartements, et j’ai l’impression d’être le seul privilégié à bénéficier de l’électricité au beau milieu d’une tempête de fin du monde.


Ok, j’ai fait ce rêve. Comme un transfert d’information. Comme télécharger un film sur internet, regarder s’égrener les pourcentages, 1 par 1, tout en visionnant les premières secondes. Quelqu’un me disait de prendre, de me taire et de prendre, il me disait qu’un jour ça servirait peut-être, alors je l’écris pour m’en rappeler ce jour-là. C’était un trailer, une bande-annonce, un synopsis. Vu et vécu. Un film d’horreur et un polar, un classique du genre, un de ceux qui ont réconcilié critiques, public et spécialistes. L’histoire d’un homme qui perd l’usage de ses jambes. Une agression, ou un accident de voiture, et boum, il est paralysé à partir de la ceinture. C’était moi et pas moi. Il se réveille à l’hôpital, et l’histoire commence. Rééducation, musculation des bras pour rééquilibrer, tests, médicamentation. Il peut enfin sortir. Il n’ a pas de famille. Il est pratiquement seul pour se débrouiller. Il s’est lié d’amitié avec une infirmière qui vient lui donner de l’aide. Et sa vie se reconstruit. Il retrouve du travail, démarre une relation avec l’infirmière. Il a acheté une voiture qui lui permet de conduire avec les mains. C’est là que ça se passe la première fois. Dans le garage de son immeuble, il ouvre sa portière, dispose son fauteuil roulant pour transférer son corps dedans. Sauf que quelque chose approche et il le sent. Des frottements. Des bruits. Ce sont des pas. Il voit une lueur, puis une ombre. Il voit un corps. Un corps qui court vers lui. Un corps sans ancrage, un corps sans consistance. Il court, court vers la voiture, et s’approche pourtant très doucement, au ralenti, il étend les bras en signe d’agression, les bruits deviennent assourdissant, le corps devient de plus en plus imposant. Le personnage essaie de monter dans son fauteuil roulant mais sous la pression, n’y arrive pas. Au moment où les corps fantômes est à deux pas de saisir le personnage, le compteur du garage s’arrête et la lumière s’éteint. On entend un bruit de métal tout ce qu’il y a de plus normal, celui du personnage qui tombe de sa voiture sur sa chaise roulante. On coupe sur lui expliquant la scène à l’infirmière qui ne le croit pas. Les événements se reproduisent, de plus en plus souvent, dans les endroits les plus différents possibles. C’est là-dessus que se construirait le livre / le scénario. Développer donc une atmosphère oppressantes, des scènes gores pourquoi pas, beaucoup de suggestion, une ambiance à la Dark Water (version Nakata, la seule que je connaisse). Le point névralgique de l’histoire, qui servira sans doute à la conclusion, est le fait qu’il n’existe un seul moyen pour le personnage d’échapper au fantôme : se plonger dans l’eau. Vous aurez compris que ce qui le hante, c’est lui-même. C’est le fantôme de son corps perdu. Peut-être que c’est vraiment un fantôme, peut-être que c’est juste dans sa tête un moyen de se punir. Si il peut échapper à ce corps fantôme en se plongeant dans l’eau, c’est parce que c’est le seul endroit au monde où ses jambes le portent, le seul endroit où il est un homme complet.
Je ne vois pas l’intérêt de cette histoire pour moi, aujourd’hui. Quelqu’un, quelque chose, me l’a donné, alors j’en prends tout de même note. Qui sait, un jour… Quand je serai comme Phillip K.Dick, obliger d’écrire 18 histoires en cinq ans pour avoir de quoi manger, ça servira


The Sopranos Saison 5 Episode 11


L’un dans l’autre, c’est une saison en demi-teinte, il serait dur de ne pas le faire remarquer. Episodes faibles. Trames fatiguées. Il ne se passe rien, pas grande chose, même dans les non-dits. De l’épisode 1 à l’épisode 11 on a du mal à sentir les changements et pourtant il y en a eu peu et de taille : la sortie de prison de Tony B., la folie déclarée d’Oncle Junior, la guerre de pouvoirs entre les deux boss de New York. Au fond, on a l’impression de sujets si importants que la série n’ose les aborder. Elle tourne en rien pour ne pas raconter grand chose. Le Docteur Melfi, encore une fois, est très peu présente (c’était quand même l’argument de la série au départ). Les Sopranos sont une série où les scènes sont très importantes, c’est leur enchaînement, plus que le scénario, qui fait le sens de la série, dont les points d’orgues sont d’immenses meta-scènes qui bouleversent le monde de la série, des protagonistes et du spectateur en à peine quelques minutes. Cette année, nous n’avons eu que deux scènes semblables : Tony, seul dans son jardin, armé, attendant l’ours sauvage qui traumatise sa famille (ou ex-famille) dans le premier épisode, et la fin de cette épisode, le 11, où Tony se réveille au Plazza à New York et appelle son ex-femme pour savoir quel temps il fait dans le New Jersey.
Cette épisode 11 justement. Il reflète bien la saison dans son entier : quelque chose de très important se passe (la guerre des boss va peut-être retomber sur Tony) et toute l’action se passe ailleurs (un hôtel à New York), dans un autre pan de réalité (le rêve de Tony cette nuit-là) et un autre pan de sens (l’absurde, le négligeable). Tony commence à rêver vers 15 ou 20 minutes et ne finit pas avant 45 minutes. On a donc 20 minutes de rêve de Tony. Qu’est-ce que ça vaut ? Eh bien justement, ça s’inscrit dans la grande tradition de la série, sauf que c’est un rêve. On y retrouve un montage audacieux (bruitages, superpositions), on y retrouve la maîtresse morte de Tony dans le rôle du Docteur Melfi et on y retrouve une des lignes les plus intéressantes et anodines de la série (Tony, toujours dans le rêve, se fait engueuler parce qu’il regarde un film à la télé, et lui réponds « C’est tellement mieux que tout ça. Mieux que la réalité »). Sauf que c’est un rêve. Donc, ce morceau, cette épisode, a toutes ces qualités, parce que les auteurs se sont dit « C’est un rêve, on peut tout lâcher », du coup il souligne les lacunes des autres épisodes de la saison, ces manques d’audace et d’événements qui se ressentent intensément. Maintenant, connaissant la série, il est possible que TOUT, je dis bien TOUT ce que je viens de dire soit effacé par un épisode 12 ou 13 catharsis qui justifie la totalité des scènes présentes dans cette saison 5. C’est très possible, c’est déjà arrivé. Malgré tout, on soulignera que cette saison 5 marque un resserrement sur Tony, qui si il est intéressant et se justifiera peut-être, prive la série des seconds rôles qui lui donnaient définitivement vie (Dr Melfi dans les 2 premières saisons, AJ dans la saison 3, Pauli et Christopher dans la saison 4). On espère qu’avec la perspective de la fin de la série, les scénaristes se lâcheront pour la saison 6, et comme il y aura 20 épisodes au lieu de 13, c’est tout bénéf.





Morrissey sera au Eurockéennes. Est-ce que j’aurai vraiment pu rêver mieux ? Oui, une petite salle, dans laquelle j’aurai été le seul à le connaître. C’est impossible, donc autant se réjouir de ce qu’on nous offre. Il présentera son nouvel album, qui entre guillemets s’annonce géniale mais en dessous de You Are The Quary. Si seulement ça donnait du sens à toutes ces choses, ces minutes passés, ces regards échangés ou perdus, ces mots, ces attentes, ces soupirs. Ça ne le fait, mais ça le fera. Pour une heure. Pendant des jours. J’aurai aimé ne pas sonner si optimiste.

Ah oui, je pense à une chose. Si je découpais ce genre de post en 7 petits morceaux, en isolant les paragraphes par sujets, j’aurai de quoi poster tous les jours de la semaine et ce serait plus commode à lire pour les inconnus de passage. Sauf que ce serait un blog comme un autre. Et que je devrai trouver 7 titres.
 

Ceci est mon quatrième blog, mais ils font tous partie d'une même ligne, en constante évolution. J'essaie de le tenir à jour le plus régulièrement possible, ça peut aller de toutes les semaines à tous les jours et jusqu'à mi-mars 2006, ce sera sans doute tous les jours.
Je vous conseille particulièrement de regarder dans mes liens le Manuel de Cristallographie, c'est un roman que j'ai écrit sur un groupe de rock, les Narcisses, inspiré par les Libertines.

Je prends, triche Et ment, Perd mon âme aux cartes, Vend ce que j’ai vu, Prête ce que j’attends, Jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien, Je mendie ce que je vole, Donne des inventions, Offre mes fantasmes, Echange mes envies, Tout ça pour trouver, Quelque chose dont personne ne voudra.
LIENS

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N'hésitez pas à les consulter, ils sont pleins à craquer de films, de livres et de musiques.
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Oeuvres Persos:
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Roman Rock : Manuel de Cristallographie


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