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Wednesday, February 22, 2006
 

My year of love (partie 2) 

6. My Summer Of Love – Pavel Pawlikovski



Un petit film, sympa, sans prétention aucune, comparé à ceux qui le précédent dans le top, et c’est grâce à cela qu’il s’en sort et finit devant les autres. Une simple histoire d’amour ou d’amitié entre deux jeunes filles, un été, à la campagne, baignée par Goldfrapp. Que demander de plus ? Une photo intéressante parce que plutôt rare, pas tape à l’œil, faisant la part belle aux ombres et au suggéré. Deux bonnes actrices qui ne tirent jamais l’écran à elles. Une réalisation discrète mais maîtrisée d’un bout à l’autre par le montage. Un film court, qui coupe juste au bon moment. Peut-être moins à dire, mais n’est-ce pas là l’apanage d’un bon film ? Tout est sur la pellicule. Un mauvais film, on a à critiquer. Un excellent film, on a à analyser. Un bon film, ça se voit. My Summer Of Love n’est pas en demi-teinte, il va au bout de son mécanisme, montre tout ce qu’il peut montrer et sait arrêter avant de tomber à plat. On repense à ces magnifiques scènes baignées par Goldfrapp et Ennio Morricone, dans le noir de la maison, quand Tamsin (la brune) regarde à travers la fenêtre. Quelque chose se passe. On ne comprends pas quoi. Même son mensonge à propos de sa famille n’est pas téléphoné et ne révèle sa vraie nature qu’au fur et à mesure de suggestions. Il n’y a aucune prétention. Les deux actrices s’en sortent honorablement, elles en ont fait juste assez, alors que le son qu’elles jouent pas vraiment, elles se contentent d’être elles-mêmes tout en allant un tout petit peu au-dessus, ce léger cran qui fait que la magie prend entres elles, que quand elle se regarde ou s’ignore, on sent leur relation exister, naître ou refluer. En quelques plans simples, le réalisateur pose sa griffe en posant l’atmosphère, proche de Virgin Suicide mais en remplaçant la glace par le feu. Mona tombe de cheval, le cadre se renverse et on entre dans le film, comme une hallucination, un rêve fiévreux, mais un rêve quand même. Désormais, nous serons Tamsin. Plus moyen d’y échapper. C’est beau, simple et discret. Ça reste quelque part dans notre esprit, comme une expérience hors du corps : « pendant une heure et demie, j’ai été une fille, une adolescente qui passait du temps avec sa copine. Bon je dirai pas que j’ai pas reluquer les seins de sa copine justement, mais je sais pas, c’était pas pareil. Elle me plaisait grave, mais c’était pas pareil. Plus doux, plus lent. »
Bande annonce : par ici


5. Dig ! – Ondi Tominer



Un documentaire. Le seul de la liste, à moins qu’on considère que Dig soit un documentaire aussi faux que La Vie Aquatique (ce qui est tout à fait possible). Dig parle de deux groupes, un connu du milieu, les Dandy Warhols, l’autre connu d’un millier de personnes, le Brian Jonestown Massacre. Au début, ces deux groupes étaient des égaux. Ils ont émergé de la scène rock de Californie à peu près en même temps et c’est parce qu’ils étaient amis que le documentaire se penche sur leurs deux cas. Evidemment, au fil des années, et c’est ce que raconte le film, sous le coup des égos et de l’industrie, les groupes vont se détester et se déchirer, pendant que les Dandy Warhols accèdent au succès en polissant leur musique et leur image et que le Brian Jonestown Massacre suit son chemin de vagabond.
Qu’en est-il du cinéma ? Pas grand chose. Ce n’est pas un documentaire exceptionnel. Il se concentre sur les sujets les plus ennuyeux : querelles de groupes, batailles sur scène ? Ce n’est même pas cinématographique et c’est à peine drôle (drôle la première fois, dégouttant la deuxième, déchirant la troisième, au moins on a l’impression de progresser, de s’attacher aux groupes et aux personnages). Non là où le film touche à la beauté, ce sont dans les moments de beauté et de liberté où les groupes font les show et où le montage fait la magie : le Brian Jonestown Massacre jouant Ballad of Jim Jones dans le métro, séduisant absolument TOUT le monde, même un vieux fan de Dylan devenu businessman ; Anton Newcomb (du Brian Jonestown) et Courtney (des Dandy) dans le désert son de Nevertheless ; Anton à la fin du film, seul, déchiré, et heureux, chantant The Gospel According to Newcomb ; ce même Anton, seul dans un studio, enregistrant, presque en direct, sous nos yeux, tous les instruments de The Devil May Care (Mom and Dad don’t), passant du squelette au corps tout entier. C’est évidemment parce qu’il contient une bonne poignée de ces moments et parce qu’il met le focus sur une scène peu connue qu’il échappe à la norme des docu rock télévisuel et obtient très favorablement l’apport de l’écran cinéma. Malgré tout, c’est un film à voir dans n’importe quelles conditions sauf les plus sérieuses : personnellement, je l’ai vu sur un tout petit écran, dans une salle dont les lumières ne voulaient pas s’éteindre, deux se
Et qu’en est-il de la musique ? Evidemment, c’est l’atout majeur du film. Là où les rockumentaires habituels nous laissent écouter quelques démos, assister à trente secondes d’enregistrement et diffusent en boucle les gros tubes, celui-ci met tout à nu, et c’est gratuit : trentaine de chansons, enregistrements, concerts, répétition de jardin, chanson impromptue et acoustiques. Et quelles chansons ! ! Soyons franc : 90% des spectateurs ne connaissaient pas le Brian Jonestown Massacre, ou alors comme un simple nom, croisé furtivement sur Soulseek. Et pourtant … C’est peut-être le meilleur groupe inconnu du monde. En ce sens, oui, c’est le Velvet Underground post-moderne. Une bonne dizaines d’albums, tous aussi bon les uns que les autres, téléchargeables gratuitement sur leur site interne, où se côtoient allégrement l’originalité et les meilleurs groupes du monde (Velvet, Beatles et Stones réunis sur Straight up and down, Donovan –Hurdy Gurdy Man -sur The Devil May Care). Ceux qui connaissaient cet héritage se marrent et se délectent des chansons plus inédites, et ceux qui ignoraient tout découvrent l’ensemble, en une seul dose, une seule chanson. Quant aux Dandy Warhols, ne leur jetont pas la pierre, ils ont vraiment une poignée de bonnes chansons, individuellement meilleures que celles du Brian Jonestown Massacre, mais l’ensemble de la discographie de ces derniers les écrasent largement. Ne nous trompons pas, le Brian Jonestown Massacre est bel et bien le groupe de l’année, et ils le méritent largement.
Bande annonce :par ici


4. Locataires – Kim Ki Duk

Il me semble qu’avec La Vie Aquatique, c’est le film de cinéma de l’année. C’est-à-dire un film qui se sert de tous les moyens qui lui sont donnés sans s’appuyer uniquement sur un scénario. L’histoire est simple, j’en ai même piqué le reliquat de départ pour un personnage très secondaire du mon Manuel de Cristallographie : un jeune homme coréen passe toute sa vie dans les maisons des autres. Le matin, il repère celles qui semblent vides et le soir il s’y introduit pour y passer la nuit et vivre dans la vie des gens sans rien voler d’autres que le contenu du frigo nécessaire à son repas. A ce titre, la première demi-heure du film est admirable : on le suit dans sa vie de tous les jours, sa solitude, ses errances, et la chaleur qui lui apporte des simples photographies ou des objets du quotidien. On a l’impression de toucher là à la véritable essence du vagabond, on pense à Dylan, Kerouac et même à Doherty par moment. En prime, il leur repart toujours une des choses que la vie moderne et ses horaires nous empêche de faire immédiatement. Et un jour, le jeune coréen voit revenir les propriétaires de la maison dans laquelle il s’est introduite et assiste à la scène d’un mari, riche entrepreneur, battre sa femme. Au lieu de s’enfuir comme il l’avait initialement prévu, il va la secourir, laisse le mari pour mort, et s’enfuit avec la jeune femme. C’est la deuxième partie du film qui commence. N’importe qui en aurait fait un road movie plein de personnages folklorique. Kim Ki Duk en fait la fusion de deux êtres dans leur dissolution. Ils ne se parlent jamais. A peine une dizaine de phrases doivent être prononcées durant le film. Le jeune coréen accepte la jeune femme dans sa vie de tous les jours et ils continuent tous les deux à vivre la même movie, comme un négatif des couples à qui appartiennent vraiment les maisons, comme leurs ombres, vides des faux sens que nous ayons de nous donner pour exister, paroles, travail, argent, sexe, problèmes, vides et presque morts, vides et plus que vivants. Ils deviennent des fantômes qui par leur présence questionne la vie des absents, les êtres vivants, et l’on sent bien qu’au lendemain matin, quand il s’en vont, les maisons n’ont plus rien de ce qu’elles étaient, quelques choses à changer, elles sont en vies et quand leurs propriétaires reviendront, ils le sentiront en eux, ils sentiront des questions, ils sentiront l’empreinte du couple en fuite, partout et nulle part, et si rien ne change, ils auront connu un jour ou deux la chaleur résiduelle de leur non-vie, réchauffant toute la glace dont nous pouvons recouvrir le monde. Et puis, dans la troisième partie du film, le mari encore vivant et bien remis retrouve sa femme, mets le jeune coréen en prison. Privés l’un de l’autre, ils continuent de vivre dans leur monde de silence mais perde leur chaleur. En prison, le corps du jeune homme continue de se dissoudre, de plus en plus, jusqu’à toucher à l’inexistence. C’est ainsi qu’il arrive à s’enfuir et à rejoindre la maison de la jeune femme. Il s’est bien que s’il la retrouve, ils continueront leur vie d’errances, âmes sans attache, âmes sans vie, juste de la chaleur. Alors il décide de rester dans l’ombre du mari de la jeune femme. Derrière lui, il touche un peu à la vie, celle qu’il a du écouter pour être libre, pour n’être plus que l’âme d’un homme, libéré de toute pression du corps, mais de toutes ces possibilités également. Il finit ainsi, ombre libératrice, esprit malin asiatique qui fait rire, comme elle ne l’a jamais fait, la jeune femme quand son mari à le dos tourné, parce qu’il a compris que la vie est froide et que la mort n’offre rien, il s’allie à son pire ennemi, le corps, dans ses absences, dans les moments où il ne peut être là, le sommeil et l’inattention, tout ces moments où l’âme, l’esprit prend le contrôle en chacun de nous. Ces interstices de vie dans notre simple présence de roc, d’objet indifférenciable des autres, maison comme toutes les maisons, si inutile quand il n’y a personne pour l’occuper, quand c’est l’heure pour elle de devenir ce couple en fuite, quand c’est l’heure pour elle de vivre.

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