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Thursday, February 23, 2006
 

My Year Of Love (partie 4) 

2. Match Point - Woody Allen

Pour Woody Allen c’est une première : il fait un film qui se passe entièrement en dehors des Etats-Unis, bouleversant toute la bible de ses personnages et de ces situations. Et son cinéma en est transformé, comme jamais on ne l’aurait cru. C’est sa deuxième tragédie entièrement réussi, et là seule qui respecte vraiment les règles du genre. Par le thème du tennis, il évoque « L’inconnu du Nord Express », autre histoire de dilemme entre deux vies, raison et passion, qui tourne mal, et dont la photographie semble avoir été simplement colorisée pour les besoins de Match Point.
Chris Wilton est un ancien tennisman irlandais qui a besoin de se reconvertir. Par le biais de son boulot de prof de tennis, il devient l’ami d’un fils de bonne famille qui partage son amour pour l’opéra et lui présente sa sœur avec laquelle il va très vite sortir. Tout semble sur des rails pour lui : il obtient un boulot dans la société de cette bonne famille anglaise, va se marier avec la fille de la famille et déménager avec elle dans un énorme appartement payé par son beau-père. Si seulement il n’y avait pas eu cette rencontre. Un simple instant, précédé par un bruit entêtant de balle de ping pong rebondissant sur le plastique d’une table qui l’a immédiatement arrêté et un regard sur une fille splendide dont il tombe amoureux : Nola Rice, la petite amie et futur femme de son beau-frère.
Que choisira-t-il ? L’arrivisme ou la passion ?



C’est tout le thème du film, qui peut toucher n’importe qui mais s’applique particulièrement, de manière symbolique, à la vie des jeunes artistes, comme Woody l’a lui-même été.
Match Point est une tragédie au vrai sens du terme parce que la seule force, la seule contrainte qui s’oppose au chemin de Chris Wilton, c’est lui-même : son avenir est tout tracé avec sa belle femme, avec tout ce que cela comporte, femme attendrissante, famille unie et généreuse, travail de luxe, et dont il a terriblement envie, mais en lui-même, quelque chose résiste, un reliquat du passé, de l’adolescent qu’il a pu être, des rêves qu’il a pu embrasser. La première fois qu’il la voit, Nola joue au ping pong, version de table du tennis auquel il excelle et qui est sa plus grande passion, lui qui aurait pu devenir un artiste de la raquette comme le lui dit une vieille connaissance qu’il croise aux hasards du Londres. Immédiatement, Nola est identifiée avec le tennis, mais le tennis dans une expression inférieure, le ping pong, tout comme Nola est inférieure à la société londonienne parce qu’elle est américaine, qui plus est avec des penchants pour l’alcoolisme et la dépression. Déjà, pour Chris, sous la pression de sa volonté de réussite et de la société, le tennis, comme Nola, sont une passion inférieure, comme l’alcool, le jeux, ou la drogue, peut-être sa seule passion, mais une passion à laquelle il ne peux céder sans être mis au rebut de la société.



Si Chris lit du Dostoevski, c’est pour un petit clin d’œil multiple ( Crimes et Chatiments, Le Joueur, autant de titres qui pourrait aller très bien à Match Point), peut-être l’élément le plus drôle du film, mais le moins visible. Woody retient d’ailleurs tout durant le film, à l’inverse de Crimes et Délits qui gardait une touche d’humour à travers son personnage, et le manque ne se fait pas sentir (contrairement à Une Autre Femme ou Intérieurs), peut-être à cause du dépaysement de Londres qui nous fait oublier tout ce que Woody a pu faire auparavant. Il n’y a que deux autres touches d’humour : l’accent du vendeur d’appartement et le wook qu’il offre gratuitement au nouveau locateur (je suis le seul à avoir ri …) et au travers des deux inspecteurs (dont Ewen Bremmer) qui enquêtent sur le meurtre de Nola à la fin et sont abasourdi par l’absurdité de l’intrigue criminelle, clin d’œil appuyé avec le spectateur qui évoque moins l’humour habituel de Woody qu’une volonté délibéré de jouer du goût du pathétique, fréquent dans la tragédie, de cette situation.
L’opéra, présent tout le long du film et qui forme une splendide BO, est un autre élément qui vient surligner l’affiliation du film avec la tragédie. Les premières notes du film font du générique, à l’inverse de celui, horrible, de Melinda and Melinda, l’un des plus jouissifs de Woody, augurant extrêmement bien du film. Et quand Chris monte les escaliers pour aller tuer Nola et sa voisine, fusil à la main, s’est un entrelacs de voix masculines, tragiques, qui se perdent, se retrouvent, créent une cacophonie qui reproduit celle de son esprit et évoque une montée au ciel qui ne s’achève que quand il tue et glisse par terre, projeté par sa propre faiblesse et par le choc du tir, déchéance de celui qui voulait être ange, entrer au paradis sur terre, l’argent et la reconnaissance.
Il n’est pas possible d’évoquer le film sans finir par l’introduction au film, voix de Chris Wilton (Jonathan Ryes-Myer) à travers laquelle on reconnaît Woody, introduisant son film, dictant sa plus grande réussite, l’absence de moral du film. C’est peut-être ce qui fait la réussite du film et qui le place en avant de sa filmographie.

Bande annonce: par ici
 
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