Est-ce que les androïdes rêvent de moutons électriques ?
OK, si je vous disais, là maintenant, que Phillip K.Dick (l’écrivain bande d’ignares) est vivant ? Me prendriez-vous pour un fou ou croiriez-vous que je fais simplement ma pub ?
Pour être plus précis, je peux affirmer qu’il était vivant il y a 6 mois. Après, je ne sais plus.
Et si je vous disais qu’il est vivant et en plus de ça, juste en bas de chez moi ? Est-ce que vous fermeriez ce blog pour passer à autre chose ou est-ce que vous demanderiez des preuves ?
Le voici :

Il est un des rares auteurs, tout genre confondu mais plus spécialement de science-fiction où les ones-shots sont fréquent, à avoir écrit une main plein de romans tout à faits extraordinaires, se complétant, se déchirant, apportant à chaque fois plus d’indices, plus de théories, plus de folies :
Le Maitre du Haut Château
Blade Runner (anciennement Do Androids Dream Of Electric Sheeps)
Ubik
Substance Mort ( A Scanner Darkly)
Valis
La Transmigration de Timothy Archer
On compte dans sa bibliographie des dizaines et des dizaines d’autres romans ainsi que des centaines toutes aussi mal adaptées les unes que les autres par des producteurs pas si illuminés que ça (Minority Report – beurk-, Paycheck –inconcevable de stupidité).
La plus belle légende sur lui est, dans mon tout petit esprit, le fait que durant les années 60, pas encore connu et forcé d’écrire le plus possible pour être payé pour un nombre maximum de feuillets (déjà pas payés énormément), Phillip K.Dick écrivait des romans à la pelle, bourré d’amphétamine, et sitôt fini un livre (à ce titre sans doute Ubik, Le Maître du Haut Château), il enlevait le dernier feuillet de la machine à écrire et en remettait un nouveau derrière, qu’il remplissait immédiatement et qui ferait quelques heures ou jours plus tard, un autre roman, et ainsi de suite.
Ce que j’aime dans son écriture (dans ses meilleurs romans), ce qu’il se soumet juste assez aux règles du genre pour en faire partie. Pas une once de plus que ce qu’il faut. Le reste n’est que lui.
Bénie cette époque où les romans étaient la culture de masse. Où n’importe qui, plutôt doué, pouvait se nourrir et se loger rien qu’en écrivant des bouquins, de genre, d’accord, les uns à la suite des autres, en pensant que jamais ça ne s’arrêterait. Mais il y eu la télévision. Aujourd’hui il me faudrait écrire à la suite les uns des autres des épisodes de Sous Le Soleil et de cette série dont je n’ai même pas envie de me souvenir du nom, avec une ancienne Miss France.
Vous trouvez que c’est la même chose ? Vraiment ? Non. Avant on était libre, avant on pouvait être quelqu’un du moment qu’on envoyait une pile de feuillets valables par la poste. Maintenant il faut faire plaisirs aux petites filles,
Ce n’est pas ce qui a rendu fou Phillip K.Dick, non, il était au-dessus de ça. Parce que oui, j’ai une très mauvaise nouvelle, il est vivant, mais il est fou. Et par fou, j’entends, il a perdu son esprit. La plupart du temps, il parle à des gens invisibles une lange incompréhensible. Il est semblable à Hal Hammond dans Ubik : il voit des choses différentes là où nous voyons tous là même chose. Il n’est pas ici. Son corps, ou une matérialisation grossière censée représentée un clochard, est ici, mais lui, dans sa perception, est autre part. En 1939, ou bien en 1992, un 1992 qui serait notre futur. Ça m’attriste un peu de le voir comme ça. Mais aux dernières nouvelles, il semble que nous soyons obligés d’avoir un corps pour avoir une âme. Les fantômes n’existent pas, pas plus que les esprits malins. A moins qu’il n’est un corps. C’est, je pense, ce qui arrive à Phillip K.Dick. Il est dans le corps d’un clochard qui de plus en plus se met à lui ressembler. Ce corps lui sert d’ancre dans le monde réel, seul porte d’entrée pour le monde des idées, l’esprit, c’est à dire partout : passé, présent, futur, scénarios alternatifs.
Le voici, juste en bas de chez moi :
(insérer photos de P.K Dick)



Maintenant que vous savez qu’il est vivant, vous regretterez de savoir que j’ai perdu sa trace. Il a disparu. Plus dans ma rue, parti pendant que j’étais en vacance à Rome. Pourquoi es-tu parti en vacance idiot ? De mes sources dans les services sociaux de proximité, je sais qu’il a quitté la ville. Impossible de le retrouver. Il est probablement encore dans la région, à un feu rouge, entrain de faire la quête. Peut-on parler de semi-vie, comme dans Ubik ? Peut-être. Peut-être qu’il est mort et se croit encore vivant. Peut-être que son esprit est assez fort pour qu’on y croit aussi. Pour qu’il se matérialise, en 2005, dans ma rue, mais qu’il croit être en Californie dans les années 60 ou n’importe quand. Je n’y avais jamais pensé, mais il était toujours à côté de ce feu de circulation. Vert. Orange. Rouge. Le Bardho Todhol, le livre des morts tibétains. Le mort en semi-vie attend sa réincarnation, ou la fin de son cycle. Une lumière rouge et fumeuse représente les couples forniquant et attire le mort. Le rouge du feu de circulation.